Cancers du cerveau : les recherches sur les glioblastomes menées au CLB

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Découvrez les travaux d'une équipe de chercheurs basée sur le site du Centre Léon Bérard. Elle travaille notamment sur les glioblastomes, un type de cancer cérébral très agressif. Rencontre avec Erika Cosset, qui dirige cette équipe.

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Lauréate en 2021 du programme ATIP-Avenir, qui permet à de jeunes chercheurs de créer leur équipe, puis du programme européen ERC Starting Grant, Erika Cosset dirige désormais l’équipe « Hétérogénéité du glioblastome et de son métabolisme » du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CRCL), basé sur le site du CLB.

Composée d’une dizaine de personnes, son équipe travaille principalement sur le glioblastome, un cancer cérébral de la famille des gliomes considéré comme rare et très agressif.

Avec près de 3 500 cas par an en France et une durée médiane de survie de 16 mois, le glioblastome évolue souvent très rapidement. Parce qu’il s’agit d’un cancer de mauvais pronostic, les chercheurs de l’équipe d’Erika Cosset sont engagés dans une course contre la montre pour mieux comprendre ce cancer agressif et trouver des traitements efficaces adaptés à chaque patient.

Erika, pouvez-vous nous présenter le travail de votre équipe ?

Erika Cosset : « Nous nous intéressons particulièrement au métabolisme des cellules cancéreuses de glioblastome, c’est à dire grossièrement à ce qu’elles vont manger et à ce dont elles vont avoir besoin pour vivre et proliférer. En effet, le glioblastome est une tumeur hétérogène, mais aussi invasive car elle se propage très rapidement dans le cerveau. »

Quelles sont les spécificités de ces cellules cancéreuses ?

E. C. : « Contrairement aux cellules normales, les cellules cancéreuses vont dépendre d’un ou de deux carburants pour pouvoir vivre, proliférer, migrer etc… Pendant très longtemps, les chercheurs pensaient que le glioblastome avait besoin de sucre pour faire tout cela. Ce n’est que récemment que nous avons compris que toutes les cellules cancéreuses de ce type de cancer n’avaient pas forcément besoin de sucre, mais parfois d’autres carburants comme le gras. On retrouve cette particularité dans d’autres types de cancers. »

Comment les cellules cancéreuses de glioblastome se nourrissent-elles de ces carburants ?

E. C. : « À la porte d’entrée de toutes ces cellules cancéreuses, on trouve des récepteurs et de nombreuses molécules différentes. Ce sont des portes à franchir. Pour les cellules cancéreuses qui aiment le sucre par exemple, le carburant va être capté par ces portes qui sont en fait des récepteurs. Le sucre va alors rentrer dans la cellule pour activer des voies qui vont lui permettre de proliférer etc… Notre équipe a mis en évidence que les cellules sont dépendantes de différents types de carburant et notre but est d’utiliser cette découverte pour bloquer la croissance et la migration des cellules cancéreuses. Une fois qu’on a coupé une voie à la cellule cancéreuse, soit elle va réussir à s’adapter et faire un ré-aiguillage pour partir sur une autre voie, soit elle n’est pas très flexible, et elle ne pourra pas faire cet aiguillage ce qui amènera à sa destruction. Par conséquent, notre équipe cherche à découvrir l’ensemble des différentes voies existantes afin de pouvoir identifier les médicaments ou molécules capables de les bloquer. »

Quel est l’objectif final à travers vos travaux ?

E. C. : « Nous menons ces travaux dans un objectif de ciblage thérapeutique. Nous souhaitons identifier et comprendre, puis trouver les molécules et les combinaisons de molécules qui seraient les meilleurs pour chaque patient, en fonction de la voie qui sera identifiée. En réalité, il s’agit de faire de la médecine personnalisée. »

Quels sont les modèles que vous utilisez pour réaliser ces observations ?

E. C. : « Grâce à notre positionnement sur le site du CLB, nous avons la chance de pouvoir étudier des échantillons de tumeurs de patients. Il faut savoir que la majorité des patients atteints d’un glioblastome sont opérés afin de retirer la plus grande partie possible de la tumeur. Si ils donnent leur consentement éclairé et que nous avons toutes les validations nécessaires, notre équipe va pouvoir récupérer un morceau de la tumeur extraite pour en générer une lignée cellulaire. En effet, la tumeur est faite de millions de cellules. Notre travail va être de dissocier ces cellules pour avoir des cellules uniques, puis de les reconstituer en laboratoire pour obtenir un modèle en 3 dimensions. Nous utilisons ensuite ces modèles pour tester les traitements et voir si d’un patient à l’autre, on observe les mêmes effets. »

Quels avantages retire votre équipe à être située sur le site du CLB ?

E.C. : « J’ai fait le choix de travailler ici car il y a de nombreuses plateformes technologiques sur place. Nous avons aussi la possibilité de travailler en étroite collaboration avec les médecins de l’établissement. C’est une véritable force. Je fais face à leurs questionnements et leurs demandes et cela booste nos recherches. De plus, le Centre Léon Bérard est un établissement 100 % axé sur la cancérologie, qui regroupe de nombreuses équipes de chercheurs. Nous bénéficions des interrogations des autres, comparons nos approches, partageons nos outils etc… C’est une synergie extraordinaire. »

Qu’est-ce que les dons permettent aux équipes de chercheurs comme la vôtre ?

E. C. : « Il faut bien se dire que sans les dons, nous ne pourrions pas travailler. Tout coûte extrêmement cher : les postes de chercheurs, le matériel, les consommables etc… Les besoins sont pharaoniques et notre seule limite est notre budget. En tant que chercheur, nous n’allons pas faire ce que l’on veut faire, mais le mieux que l’on puisse faire avec le budget disponible. La lutte contre le cancer est une grande et belle chaine humaine. Sans l’un des maillons, on ne peut aller au bout. Il faut des médecins, des chercheurs, des moyens financiers, des patients qui acceptent de participer aux études… En bref, tout le monde à un rôle à jouer à un moment différent, mais chaque rôle est aussi important que les autres. »

  • Chiffres clés :
    • 3 500

      C’est le nombre de nouveaux cas de glioblastomes détectés en France en 2018.

    • 5 %

      C’est le taux de survie à 5 ans des patients atteint d’un glioblastome.

    • 20 %

      C’est le pourcentage que représentent les glioblastomes sur l’ensemble des tumeurs cérébrales.

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