Immunothérapie et cancer du sein triple négatif métastatique

patiente femme

L'étude Safir 02 Breast-Immuno, co-pilotée par le Centre Léon Bérard et Gustave Roussy et promue par Unicancer, a montré qu’un traitement d’entretien par immunothérapie pourrait améliorer la survie globale des femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique triple négatif. Cette étude, récemment publiée dans la prestigieuse revue Nature Medicine, ouvre également la voie à de nouvelles pistes pour identifier les patientes répondant le mieux à ce potentiel nouveau traitement. Des résultats prometteurs face à l’hétérogénéité des cancers du sein qui reste un véritable défi pour les chercheurs.

(photo de l'article : Armelle Vuono)

Immunothérapie et cancer du sein triple négatif métastatique Immunothérapie et cancer du sein triple négatif métastatique 2021-04-28T09:22:07+02:00 2021-05-03T11:18:36+02:00 /sites/default/files/2021-04/patiente-femme.jpg

L’étude SAFIR 02 Breast-Immuno, promue par Unicancer, avait pour objectif de trouver de nouvelles pistes de traitements, en évaluant l’efficacité d’une immunothérapie par anticorps anti-PDL1 (voir encadré bleu ci-dessous), après une chimiothérapie chez des patientes qui présentaient un cancer du sein métastatique, triple négatif ou non.

Le Centre Léon Bérard est l’un des centres ayant inclus le plus grand nombre de patientes dans cette étude.

Le docteur Thomas Bachelot, médecin oncologue au Centre et spécialiste des cancers du sein métastatiques, est le co-investigateur principal.

Tous les échantillons prélevés par le Centre Léon Bérard et les Centres de lutte contre le cancer participant à cette étude nationale ont été rassemblés, conservés et redistribués par le Centre de Ressources Biologiques du CLB, qui a pour rôle de mettre à disposition des équipes de recherche et de ses partenaires des échantillons biologiques de qualité.

L'immunothérapie par anticorps anti-PDL1 : comment ça marche ?

L’immunothérapie est aujourd’hui l’une des approches les plus prometteuses dans le traitement des cancers. Ce type de traitement ne consiste pas à détruire directement la tumeur, mais repose sur l’utilisation du système immunitaire, le mécanisme de défense de notre organisme contre les agents pathogènes comme les virus et les bactéries, ou les maladies telles que le cancer.

Différents traitements d’immunothérapie sont développés. Les plus courants sont les « inhibiteurs de points de contrôle », comme l’immunothérapie par anticorps anti-PDL1.

Le principe est simple : déverrouiller le système immunitaire pour qu’il puisse de nouveau combattre les cellules cancéreuses. En effet, les cellules tumorales sont capables de détourner à leur profit les dispositifs de contrôle du système immunitaire, ce qui leur permet de « désactiver » certaines cellules immunitaires et plus particulièrement, les lymphocytes T. L’organisme ne peut alors plus lutter contre la prolifération des cellules cancéreuses.

Des éléments clefs de ces mécanismes de blocage du système immunitaire, appelés "points de contrôle" (le récepteur PD-1 sur la cellule immunitaire et la protéine PDL1 sur la cellule cancéreuse, entre autres) peuvent être contrés par des traitements appelés "inhibiteurs de points de contrôle immunitaire". Le déblocage de ces freins réactive alors le système immunitaire pour lui permettre de lutter contre les cellules cancéreuses.
 

Les résultats de l'étude Safir 02 Brest-Immuno

Cette étude a mis en évidence une amélioration de la survie des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique triple négatif, avec une survie globale médiane de 21 mois sous immunothérapie en traitement d’entretien, contre 14 mois pour les femmes sous chimiothérapie d’entretien.

« Ces résultats montrent une efficacité importante lorsque l’immunothérapie est donnée après la chimiothérapie, et suggèrent que l’ensemble des femmes présentant un cancer triple négatif pourrait en bénéficier » explique le Dr Thomas Bachelot.

L’étude SAFIR 02 Breast-Immuno est la première à mettre en évidence l’intérêt d’un traitement d’entretien par immunothérapie par anticorps, pour les patientes atteintes de ce type de cancer.
 

Un potentiel nouveau biomarqueur identifié

Cette étude a également permis d’évaluer de potentiels marqueurs, afin d’identifier à l’avance les patientes qui pourraient bénéficier d’un traitement d’entretien par immunothérapie anti-PDL1 quel que soit leur type de cancer.

recherche au microscope

Les équipes s’accordent à dire qu’il s’agit d’une avancée intéressante dans le traitement des cancers du sein triple négatifs et espèrent pouvoir étendre les bénéfices de ce traitement à des patientes qui ne seraient pas nécessairement atteintes de ce type de cancer.

Les cancers du sein métastatiques « triple négatifs »

Les cancers du sein sont classés en différentes sous-catégories qui permettent de guider la prise en charge. Lorsqu’aucun marqueur connu pouvant répondre à une thérapie ciblée n’est identifié à la surface des cellules cancéreuses, on parle de cancers du sein "triple négatifs". Ces cancers, qui représentent 15 % des cas, sont plus agressifs et les possibilités de traitement qui existent à ce jour ne sont pas suffisamment efficaces. La recherche de nouveaux traitements est donc au cœur des préoccupations des équipes du Centre Léon Bérard et des autres Centres de lutte contre le cancer français.
 

  • femme

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