Urgence COVID-19 : le CLB lance deux protocoles de recherche

urgence covid 19

Face à l’ampleur de l’épidémie de COVID-19 et l’urgence sanitaire, le Centre Léon Bérard lance 2 protocoles de recherche ciblant les patients atteints de cancer, une population malheureusement plus vulnérable face au virus.

Urgence COVID-19 : le CLB lance deux protocoles de recherche Urgence COVID-19 : le CLB lance deux protocoles de recherche 2020-03-31T17:05:50+02:00 2020-05-05T11:54:52+02:00 /sites/default/files/2020-03/corona-4916954_1920_0.jpg

Alors que le taux global de mortalité des personnes infectées par le COVID-19 est d'environ 2,3 %, il atteint 8 % chez les personnes âgés de 70 à 79 ans. Comme les plus de 70 ans, les patients atteints de cancers solides ou cancers du sang sont plus fragiles et peuvent développer la maladie COVID-19 avec plus de complications. Par exemple, la pneumonie, qui est une forme de complications sévères de la maladie, a été rapportée plus fréquemment chez les patients atteints de tumeurs malignes hématologiques que chez les patients atteints de tumeurs solides (55 % contre 25 %).

C’est dans ce contexte que les médecins et chercheurs du Centre Léon Bérard se mobilisent et ont lancé dans l’urgence 2 protocoles de recherche.

L’étude ONCOVID-19 : une étude observationnelle de grande ampleur

Collecte données

Les informations disponibles à l’heure actuelle sur ce virus, ainsi que les symptômes et complications qu’il engendre, ont été recueillies dans la population générale. Les études épidémiologiques menées jusqu’ici ne se sont pas concentrées sur des sous-groupes spécifiques de la population, bien que la mortalité semble être beaucoup plus élevée chez les personnes fragiles. 

Or, les cas mortels sont principalement des patients de plus de 60 ans (80 %) avec des conditions associées, telles que le cancer. Au vu des preuves existantes, médecins et chercheurs du CLB émettent l'hypothèse que les patients atteints de tumeurs malignes en traitement actif sont plus à risque de développer des complications graves de la maladie COVID-19.

La population de patients atteints de cancers en traitement actif (chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée) est estimée à près de 250 000 par an en France. Il est donc urgent de recueillir des informations sur ce virus, étudié en lien avec les pathologies cancéreuses.

Cette étude épidémiologique collaborative nationale, à laquelle l’ensemble des Centres de lutte contre le cancer français et de nombreux centres hospitaliers seront associés, est coordonnée par deux médecins du Centre Léon Bérard : le Dr Philippe Zrounba, directeur des affaires médicales et le Dr Souad Assaad, médecin interniste et onco-hématologue. 

Elle a pour but de suivre l’évolution des patients atteints de cancer, en cours de traitement (aussi bien de chimiothérapie, radiothérapie, thérapie ciblée, immunothérapie, ou ayant subi une chirurgie) et présentant des symptômes de COVID-19.

L’objectif principal est de recueillir le plus de données possibles sur cette maladie chez les patients atteints de cancer afin d’évaluer le risque de complications dues à l’infection par ce virus sur cette population en particulier. Au 5 mai 2020, 350 patients avaient déjà été inclus dans cette étude.

L’essai ImmunONCOVID-20 : 3 traitements à l’essai

« A ce stade, il n’est pas possible de dire si tel ou tel traitement est prometteur : nous n’avons pas assez de données pour le dire. Il n’y a que la science rigoureuse qui permettra de trancher cette question. » Pr Jean-Yves Blay

A ce jour, aucun traitement n'a encore prouvé son efficacité et la prise en charge actuelle de COVID-19 consiste essentiellement à traiter les symptômes de la maladie. Comme dit précédemment, les patients atteints de cancer sont plus vulnérables face au virus, et sont plus à même de développer des complications graves de COVID-19.

Avec cette étude, coordonnée par le Dr Philippe Cassier, oncologue au CLB et investigateur principal de l'essai, le but des équipes est de traiter ces patients avant même qu’ils ne développent une forme grave de la maladie, et les symptômes habituels à savoir de la toux et de la fièvre. L’objectif est d’évaluer les possibilités d’éviter les complications graves.

Pour cela, trois traitements associés au traitement standard actuellement proposé vont être testés :

  • une immunothérapie afin de booster le système immunitaire,
  • un dérivé de la chloroquine, le GNS561, qui est testé actuellement comme thérapie anti-cancer et pour lequel nous avons déjà des données sur sa toxicité et sa sécurité,
  • un anticorps, le tocilizumab, afin de freiner l'emballement immunitaire

 

Ces traitements seront administrés selon le niveau de gravité des symptômes de chaque malade.

Les patients présentant des symptômes légers seront soit pris en charge avec le traitement standard, soit se verront proposer en plus le dérivé de la chloroquine, ou un traitement d’immunothérapie capable de développer les défenses de l’organisme.

Concernant les patients qui se verront proposer l’immunothérapie, c'est à dire ceux présentant des symptômes légers du COVID-19, le Pr Jean-Yves Blay, directeur général du Centre Léon Bérard et président d'Unicancer, tient à préciser « qu’il convient d’être très prudents avec ce bras de l’étude parce qu’on ne connaît pas encore exactement le rôle du système immunitaire dans l’aggravation du COVID-19, mais ce qui est certain, c'est que les patients gravement malades ont une chute des lymphocytes très importante. » (N.D.L.R Les lymphocytes sont une variété de globules blancs impliqués dans les réactions de défense de l'organisme. Leur nombre peut baisser en cas de chimiothérapie ou de cancer. Le rôle des lymphocytes consistant principalement à lutter contre les virus et les parasites, leur diminution expose à des infections).

Les patients présentant des symptômes modérés voire sévères, comme la pneumonie, se verront quant à eux proposer le traitement standard, le dérivé de la chloroquine ou l’anticorps tocilizumab dont le rôle est d’éviter l’emballement du système immunitaire et une réaction inflammatoire exacerbée.

Le Pr Jean-Yves Blay appelle pour conclure à la plus grande prudence : « à ce stade, il n’est pas possible de dire si tel ou tel traitement est prometteur : nous n’avons pas assez de données pour le dire. Il n’y a que la science rigoureuse qui permettra de trancher cette question. »

L’étude ImmunONCOVID-20 prévoit d’inclure 273 patients au total. Au 5 mai 2020, 7 patients ont été inclus dans cette étude.

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