Christine Clavaron, infirmière au CLB : « L’Éducation Thérapeutique continue son activité et continue de soutenir ses patients… mais avec une toute nouvelle organisation. »

L'organisation de l'ETAPP en période de covid-19

La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 nous oblige à revoir l’organisation de nos services. Face au devoir de responsabilité qui nous incombe à tous et à l’occasion de cette situation inédite, l’ETAPP* a dû prendre de nouvelles mesures organisationnelles quant au suivi de ses patients. Rencontre avec Christine Clavaron, infirmière au CLB…

*Éducation Thérapeutique Aux Patients et Proches

Christine Clavaron, infirmière au CLB : « L’Éducation Thérapeutique continue son activité et continue de soutenir ses patients… mais avec une toute nouvelle organisation. » Christine Clavaron, infirmière au CLB : « L’Éducation Thérapeutique continue son activité et continue de soutenir ses patients… mais avec une toute nouvelle organisation. » 2020-04-20T10:36:24+02:00 2020-04-30T16:11:41+02:00 /sites/default/files/2020-04/christine_clavaron.jpg

Pourriez-vous rapidement vous présenter ?
Christine Clavaron :
Je m’appelle Christine Clavaron et j’exerce le métier d’infirmière depuis 40 ans. J’ai toujours eu la volonté de m’impliquer dans quelque chose d’important pour moi et c’est dans cette optique que j’ai intégré le Centre Léon Bérard il y a maintenant 30 ans. Actuellement, je travaille en transversalité sur l’éducation thérapeutique ainsi que sur les essais cliniques. Un travail plus que passionnant puisqu’il nécessite d’être en contact direct avec les patients…

Pourriez-vous nous faire un tour d’horizon de l’ETAPP ?
Christine Clavaron :
Nous effectuons, dans un premier temps, un diagnostic c’est-à-dire que nous apprenons à connaître chaque patient individuellement. Dans un second temps, nous proposons des ateliers. Pour ma part, les sujets sont liés principalement à la fatigue, à l’apprentissage des résultats de bilans sanguins avant et après le traitement chimiothérapique ainsi qu’aux effets secondaires de l’hormonothérapie. Enfin, nous réalisons une évaluation individuelle pour chaque patient, permettant ainsi de s'assurer que les ateliers ont bien répondu à leurs attentes et nous nous tenons informés sur ce qu’ils ont retenu de cette prise en charge. Différents autres corps de métiers interviennent également dans le cadre de ce service : des diététiciennes, des éducateurs en activité physique adaptée (APA)… afin de répondre au mieux aux demandes de nos patients.

Habituellement, les ateliers s’effectuent directement à l’espace pyramide du CLB…
Christine Clavaron :
En effet, généralement les ateliers prennent place à l’espace pyramide du CLB mais ils peuvent également être réalisés en hospitalisation de jour par exemple. La plupart du temps, les personnes viennent vers nous pour participer à ces ateliers mais quelquefois, les infirmières de l’hôpital de jour nous aident en nous communiquant, par informatique, les numéros de dossiers de certains patients qui viennent pour leur toute première chimiothérapie. Peu avant le début du confinement (soit avant le 18 mars), le Centre Léon Bérard avait décidé d’arrêter les ateliers d’éducation thérapeutique pour assurer la sécurité de nos patients atteints de cancer. Nous avons ainsi vécu une période où nous ne pouvions accueillir aucun patient. Ce changement de situation a donc causé du retard dans nos dossiers et a bouleversé notre organisation. Après réflexion, nous avons décidé qu’il était tout de même important de continuer l’ETAPP, mais à distance…

Prise en charge du patient par téléphone - Christine Clavaron, infirmière au CLB

« Depuis le début du confinement, j’ai réalisé une quarantaine d’ateliers et pris en charge plus de 50 patients en effectuant des évaluations à distance. En moyenne, je dois recevoir 3 à 4 patients par jour au téléphone. » - Christine CLAVARON

En effet, aujourd’hui nous faisons face à une crise sanitaire exceptionnelle... Dans le cadre du COVID-19, comment vous êtes-vous adaptée à ce contexte ?
Christine Clavaron :
L’Éducation thérapeutique continue son activité et je continue à aider mes patients à trouver des solutions à leurs difficultés. Il était important pour moi de pouvoir les soutenir dans un contexte qui peut, je le sais, déstabiliser ou même faire peur. J’ai pour ma part mis en place un protocole de suivi à distance pour m’adapter au mieux à la situation. A l’heure actuelle, je ne fonctionne plus que par téléphone car pour ma part il n’est pas nécessaire d’utiliser la visioconférence. Je réalise mes propres ateliers à distance et en individuel, pour plus de facilité et plus de proximité avec mes patients. Cette solution permet d’assurer une continuité tout en limitant les risques de propagation du coronavirus. Aujourd’hui, nous prenons le temps d’analyser les dossiers sur lesquels nous sommes un peu en retard afin de retrouver un bon équilibre pour les prochains mois ou semaines. Nous en profitons aussi pour mettre à jour régulièrement nos différents tableaux associés à chaque patient. Les diététiciennes continuent également leurs ateliers, mais à distance. Pour ce qui est de l’APA, les enseignants ont commencé, il y a très peu de temps, à mettre en place des ateliers en visioconférence. A suivre…

Comment se déroule un atelier par téléphone ?
Christine Clavaron :
Depuis le début du confinement, j’ai réalisé une quarantaine d’ateliers et pris en charge plus de 50 patients en effectuant des évaluations à distance. En moyenne, je dois recevoir 3 à 4 patients par jour au téléphone. Le cheminement d’un atelier varie d’un patient à l’autre, surtout en période de covid-19. Aujourd’hui, nous nous adaptons à la situation : les conversations avec nos patients dérivent sur énormément de thématiques car ils sont, pour la plupart, angoissés par la situation. Nous sommes donc là pour leur prodiguer des conseils et s’assurer que leur état ne s’aggrave pas. Ce sont des ateliers qui peuvent être, finalement, très psychologiques.

Atelier ETAPP (hors période de covid-19) - Crédit photo : ML LUCA

« Améliorer le suivi médical des patients n’a jamais été aussi nécessaire qu’en cette période » - Christine CLAVARON

Comment les patients reçoivent-ils ce suivi à distance ?
Christine Clavaron :
Parfois, certains patients viennent de très loin et doivent payer eux-mêmes leurs frais de déplacement. Réaliser les ateliers par téléphone sans avoir besoin de se déplacer jusqu’au CLB est donc une bonne alternative, ils sont ravis. De cette manière, ils apprennent également à gérer des situations différentes, ce n’est que du positif pour eux. Il y a aussi le fait que nous les appelions, que nous prenions régulièrement des nouvelles. Cela les fait se sentir importants et montre également que nous ne les oublions pas, quelles que soient les circonstances. Notre préoccupation ? Que les patients atteints de cancer aient encore aujourd’hui des soins et une prise en charge de qualité afin de ne pas perdre le bénéfice de leur traitement et de conserver leurs projets de vie intacts. Améliorer le suivi médical des patients n’a jamais été aussi nécessaire qu’en cette période.

Enfin, en tant qu’infirmière, quel regard portez-vous sur cette crise sanitaire ?
Christine Clavaron :
Étant infirmière depuis maintenant de nombreuses années, je n’aurais jamais imaginé vivre un jour, une telle situation. Télétravail, suivi par téléphone, aucun contact humain... pour ma part, tout cela était inconcevable. Ce fonctionnement est loin de correspondre à l’objectif initial du métier d’infirmière. Mais il est important de toujours savoir s’adapter. Espérons que les prochains mois soient meilleurs...