Le mois de Septembre est un mois dédié au soutien à la lutte contre les cancers pédiatriques dans le monde, qui touchent chaque année plus de 2500 enfants et adolescents en France.

Ce mois dédié a pour objectif, au delà des frontières, de mobiliser l'opinion publique pour faire entendre la voix des patients atteints de cancer mais également de faire connaitre les cancers pédiatriques et leurs spécificités.

Aujourd'hui, plus que jamais, engageons-nous contre les cancers pédiatriques !

Tout au long de ce mois, des interviews et des reportages seront visibles sur notre site internet, notre compte Youtube, mais aussi sur notre compte Facebook, Instagram et Twitter.

Recherche contre les cancers de l'enfant : zoom sur le projet national PEDIAC avec Véronique Maguer Satta

Rassembler 11 équipes françaises de recherche en cancérologie pédiatrique pour comprendre les causes des cancers de l’enfant et les guérir : c’est tout l’objectif du projet PEDIAC ! Véronique Maguer Satta, directrice de recherche CNRS au CRCL et co directrice de l’équipe de recherche en pédiatrie PROSPECT au Centre Léon Bérard, coordinatrice d’un axe de recherche du projet PEDIAC, nous explique en détail l’intérêt de ce projet qui va faire bouger les lignes de la recherches en oncologie pédiatrique.

Bonjour Véronique Maguer-Satta : vous faites non seulement partie des 11 équipes sélectionnées pour le projet PEDIAC, mais vous êtes également coordinatrice de l’un des 3 axes de recherche ! Pouvez-vous nous expliquer les objectifs de ce consortium PEDIAC ?

Véronique Maguer Satta : L’objectif du projet PEDIAC est de comprendre l’origine des cancers de l’enfant en prenant en compte le fait que ces cancers apparaissent dans des organismes en développement. C’est donc très différent des cancers de l’adulte et les mécanismes ne sont pas forcément les mêmes.

PEDIAC, c’est un projet qui émane de la volonté de l’INCA (Institut National du Cancer) de fédérer les meilleurs équipes de recherche en oncologie pédiatrique à l’échelle de la France.

La première étape du projet a donc été, après sélection des équipes, de fédérer ce consortium unique en son genre qui réunit près d’une centaine d'acteurs de la recherche dans tout le territoire ! La singularité de ce consortium vient aussi du fait que nous travaillons simultanément sur différents types de cancers de l’enfant pour essayer de comprendre par quels mécanismes ces cancers apparaissent.

Nous sommes tous ensemble à étudier des sujets très différents, de par les organes dans lesquels se développent ces cancers, tout en mettant en commun des compétences technologiques et scientifiques extrêmement différentes, allant de l’épidémiologie à l’épigénétique en passant par la biologie cellulaire et à la modélisation in vitro… C’est transdisciplinaire, multi compétences et multicancers. C’est vraiment unique et c’est un projet que l’on peut considérer comme pionnier dans sa construction.

Les cancers de l’enfant ont été identifiés par le gouvernement et grâce au travail des associations, comme une priorité. Il y a eu une vraie prise de conscience sur les spécificités des cancers de l’enfant : des recherches adaptées doivent être faites et doivent passer par de nouvelles façons de travailler ensemble : nous sommes en train de faire quelque chose que nous n’avions jamais fait avec PEDIAC.

Ce projet comporte 3 grands axes : pouvez-vous nous les expliquer, et plus précisément celui pour lequel vous êtes coordinatrice ?

Véronique Maguer Satta : Nous voulons effectivement répondre à des questions majeures, qui ont été divisés en 3 grands axes de recherche :

• comprendre les facteurs de risque
• comprendre les spécificités des cancers pédiatriques par rapport à l'adulte
• créer des modèles permettant de comprendre la biologie des cellules tumorales et de leur environnement.

Dans ce consortium, je suis coordinatrice du 3ème axe, ainsi porté par le Centre Léon Bérard et le CRCL. 

Les équipes de chercheurs regroupées dans cet axe sont chargées de décortiquer les mécanismes moléculaires pour valider et vérifier les cibles et les facteurs qui auront été identifiés dans les autres axes du projet. Pour ce faire nous sommes en train de fabriquer de nouveaux outils qui tendent à reconstituer les écosystèmes complexes que constituent les tumeurs au sein des organes cibles de la maladie.

L’une des originalité de ce projet est de prendre en compte les cellules qui vont devenir malade mais aussi d’égale importance analyser les cellules qui sont autour (stroma, cellules immunitaires, vaisseaux …) et comment cet environnement dialogue avec les cellules en cours de transformation pour les nourrir et le protéger et favoriser ainsi l’apparition des tumeurs.

Les modèles que nous allons créer reconstitueront ainsi l’environnement sain dans lequel la tumeur va naitre : nous tentons donc de reproduire, à l'échelle de la boîte de pétri, ce qui se passe dans un organe en croissance d'un enfant qui va développer un cancer. Nous faisons réellement de la modélisation de tissus humain dans lesquels se développent les cancers pédiatriques : concrètement, il s’agit de fabriquer des mini organes humains pour pouvoir introduire des gènes, des altérations, exposer à des facteurs, modifier certains paramètres... et ainsi observer les mécanismes à l’œuvre.

C’est quelque chose que nous avons déjà fait pour les cancers de l’adulte, avec de la moëlle osseuse et pour lequel nous venons d’obtenir une publication dans une revue scientifique.

Quels sont les espoirs de PEDIAC pour tous les enfants atteints de cancer ?

Véronique Maguer Satta : Au sein du projet PEDIAC, nous avons l’ambition d’identifier de façon robuste par la combinaison d’études épidémiologiques, génétiques et moléculaires, les facteurs de risque spécifiques des cancers de l’enfant. Ceci nous permettra de comprendre la spécificité de l’apparition de tumeurs dans un corps en développement et de développer de nouveaux modèles représentatifs, fiables et multifonction sur lesquels nous pourrons tester nos postulats scientifiques. 

C’est donc tenter de comprendre l’origine des cancers des enfants, les facteurs de risques et de pouvoir recréer dans nos boites de pétri des modèles proches de l’environnement pédiatrique humain pour poser nos questions et déchiffrer les mécanismes moléculaires à l’œuvre.

Nous espérons ainsi que le projet PEDIAC puisse nous permettre de déboucher sur des actes de prévention, de travailler sur le développement de nouveaux marqueurs et outils pour détecter ces cancers le plus tôt possible, pouvoir les suivre le mieux possible et identifier de nouvelles cibles moléculaires qui nous permettront à terme de bloquer le cancer à des stades extrêmement précoces chez les enfants.

Cela veut dire, dans quelques années, trouver des meilleurs moyens de surveiller, diagnostiquer donc des meilleurs moyens de guérir les enfants atteints de cancer en limitant ou en éliminant les séquelles.

Nous sommes 11 équipes en France à travailler ensemble pour un même objectif.

C’est une chance extraordinaire d’avancer plus vite vers une ambition ultime :un avenir sans cancer pour les enfants.

La recherche reste au coeur de la mobilisation durant tout le mois de septembre. En effet, et même si des progrès indéniables ont été faits, il reste encore à faire de nombreuses avancées, à la fois du côté de la recherche fondamentale dans les laboratoires pour mieux comprendre les causes des développements du cancer chez les enfants mais également du côté de la recherche clinique avec de nouveaux traitements innovants.

L'espace parents : un nouveau lieu pour se détendre

En 2022, l'espace parents, un lieu dédié au repos et à la détente des parents d’enfants hospitalisés à l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique (IHOPe) a été ouvert. Cet espace permet aux parents de venir prendre du temps pour eux dans un lieu convivial et intimiste où ils peuvent partager un café, lire, écouter de la musique ou encore participer à des ateliers de yoga ou de méditation.

Ce lieu de 50 m2 est composé d’une salle de détente et d’un espace de création artistique pour les jeunes pris en charge. Selon la pathologie, les enfants et leurs parents peuvent en effet passer de 6 à 24 mois à l’hôpital pour des traitements qui ont lieu soit en hospitalisation de quelques jours a quelques semaines, soit en ambulatoire, et qui font de l’hôpital leur lieu de vie principal. « Il est essentiel que leur équilibre psychologique et leur bien-être soient maintenus pendant ces longues périodes.

Les parents qui passent des heures, de jour comme de nuit, au chevet de leur enfant, sur des banquettes pliantes peu confortables, ont besoin de prendre du temps pour eux et de pouvoir être accueillis dans un lieu qui leur permette de se ressourcer », explique le Dr Perrine Marec-Bérard, pédiatre oncologue à l’origine du projet.

Ce type d’espace n’avait pas été pensé lors de la conception architecturale de l’IHOPe et manquait au bien-être et à l’équilibre psychologique des familles. Un nouveau projet a donc été initié en 2020 afin d’utiliser une terrasse inexploitée. En raison de la pandémie, il aura fallu presque deux ans pour arriver à cet aboutissement, mais le résultat apporte pleine satisfaction aux parents des enfants et adolescents de l’IHOPe, et participe à une amélioration de la qualité de prise en charge.

Cet espace a pu voir le jour grâce aux financements de plusieurs associations (APPEL, ALBEC, HAGOPIG, Les Étoiles Filantes, Rotary Part Dieu, Rotary Ambérieu, On Bûche pour eux, Give Hope) et grâce à l’appel à projet (HELEBOR) dédié au confort des enfants et des familles.

Une fresque murale pour égayer les murs de l'hôpital

Pendant le mois de septembre, Audrey Thirial, alias Melle A, réalisera, avec la participation des jeunes patients, une fresque murale sur la façade de l’Odéon, un bâtiment conçu par l’architecte Philippe Dubois. L’univers graphique géométrique et coloré de la jeune artiste apportera douceur, vie et légèreté et sera visible depuis le Hall d’accueil de l’IHOPe. Cette aventure revêt aussi une symbolique toute particulière.

En effet, il y a 20 ans, alors que l’IHOPe n’existait pas encore, Audrey a été prise en charge au Centre Léon Bérard. « C’est une revanche sur la vie, un fort message d’espoir. A travers l’art, je souhaite insuffler la force et la résilience qui m’ont animées dans mon combat. »

Cet événement sera porté par l’association Les Héros des Hostos dont Melle A est un des membres actifs et financé par l’APPEL (Association Philanthropique de Parents d’Enfants Leucémiques et autres cancers), membre du Collectif GRAVIR qui organise Septembre en Or au plan français.

Melle A est née en 1983 à Lyon. Après des études dans les arts graphiques et visuels, elle se spécialise dans le Design d’espaces et d’événements, où elle évolue pendant 15 ans, intégrant depuis toujours dans ses projets une touche d’art contemporain.

S'informer sur les cancers pédiatriques

Les cancers pédiatriques, touchant chaque année 2500 enfants en France, sont nombreux et ont chacun leurs spécificités. 

Dans l'ensemble, l'incidence des cancers n'a pas bougé depuis le début des années 2000 et le cancer reste la 4ème cause de décès chez les enfants et les adolescents voire même la 2ème cause après les accidents pour les plus de 1 an.

Un enfant sur 440 sera atteint d’un cancer avant l’âge de 15 ans.

Ce sont les leucémies les plus fréquentes, puis les tumeurs du système nerveux central et enfin les lymphomes.

La recherche en oncologie pédiatrique au Centre Léon Bérard

La recherche reste au coeur de la mobilisation durant tout le mois de septembre. En effet, et même si des progrès indéniables ont été faits, il reste encore à faire de nombreuses avancées, à la fois du côté de la recherche fondamentale dans les laboratoires pour mieux comprendre les causes des développements du cancer chez les enfants mais également du côté de la recherche clinique avec de nouveaux traitements innovants.