Essais cliniques de phase 1 : 3 questions au Dr Cassier

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Le Dr Cassier a accepté de répondre à 3 questions sur les essais cliniques de phase 1 pour nous en expliquer les grands principes.

Essais cliniques de phase 1 : 3 questions au Dr Cassier Essais cliniques de phase 1 : 3 questions au Dr Cassier 2022-10-06T09:49:27+02:00 2023-02-01T15:58:25+01:00 /sites/default/files/2022-10/cassier-philippe-credit_ml_luca_10_coupe.jpg

Qu’est-ce qu’un essai de phase 1 et est-ce que tous les patients peuvent y être inclus ?

Un essai de phase 1 est un essai dans lequel on teste pour la première fois, chez l’humain, soit un tout nouveau médicament soit une nouvelle combinaison de médicaments déjà connus. Historiquement, il s’agissait d’études n’évaluant que la sécurité d’emploi des médicaments et des patients avec tout type de cancer pouvaient y être inclus. Cependant, l’évolution des connaissances et la manière plus rationnelle dont sont créés les nouveaux médicaments antitumoraux, ont conduit à une sélection plus poussée des patients : tous les traitements n’ont pas la même probabilité d’efficacité face à tous les cancers.

De plus, ces études s’intéressent maintenant aussi à l’efficacité des nouveaux médicaments, ce qui est plus facile à évaluer si les patients inclus ont tous le même type de cancer (ou un nombre limité de cancers différents). Malgré tout, le plus souvent ces études s’adressent à des patients ayant déjà reçu des traitements et dont le cancer est réapparu ou s’est aggravé malgré ces traitements.

Enfin, du fait des incertitudes concernant la tolérance et les modalités d’élimination par le corps des traitements, il est important que les patients qui participent à ces études présentent un bon état général et des fonctions organiques (foie, cœur, rein…) proches de la normale. Comme tous les essais cliniques, les essais de phase 1 sont encadrés par une règlementation spécifique.

Quelles sont les questions les plus fréquentes de vos patients concernant ces essais et que doivent-ils savoir avant d’en faire partie ?

Les patients se questionnent beaucoup sur le « placebo ». Bien que de nombreuses études en cancérologie fassent appel à des placébos, ce n’est pas le cas des études de phase 1 qui sont essentiellement descriptives : description des effets indésirables, des signes préliminaires d’efficacité (capacité du nouveau traitement à stabiliser la maladie ou à la faire régresser). De fait, dans ces études tous les patients reçoivent le principe actif du médicament.

Beaucoup de patients se questionnent quant à l’efficacité de ces traitements qui est par essence une des inconnues de ces études, même si l’évaluation de l’efficacité dans des modèles animaux est nécessaire avant de lancer des études chez l’homme. De nombreux patients nous sont adressés par des confrères de la région, avec des trajets parfois de plusieurs heures pour se rendre au Centre Léon Bérard, et ces patients se demandent souvent si le suivi du traitement se fait au Centre Léon Bérard et la réponse est « oui ». Souvent un suivi assez rapproché est nécessaire car l’un des objectifs est de garantir la sécurité des patients.

Les interrogations dépendent aussi de l’étude envisagée et de chaque malade, et il est important qu’ils puissent poser les questions qui leur semblent pertinentes et disposer d’un temps nécessaire de réflexion.

Quels sont les essais prometteurs/innovants/phares que nous avons actuellement au CLB ?

De très nombreux essais sont actuellement en cours au Centre Léon Bérard, en cancérologie médicale, mais aussi en radiothérapie et en chirurgie.

Les essais de phase 1 ne représentent qu’une petite partie de ces essais cliniques. En ce qui les concerne,, nous explorons plusieurs axes. Nous avons une certaine expertise dans les thérapies ciblées et les tumeurs rares, cela a été impulsé entre autres par les nombreux travaux du Pr Jean-Yves Blay à ce sujet. Ce sont souvent des essais pour lesquels l’incertitude en termes d’efficacité est moins grande, car les patients qui y participent ont été sélectionnés sur des critères moléculaires : une analyse de leur tumeur a montré qu’elle portait une mutation la rendant sensible à un traitement donné.

Par exemple, nous testons actuellement plusieurs inhibiteurs d’une protéine appelée KRAS, dont le gène est souvent muté dans les cancers du poumon, les cancers colorectaux et les cancers du pancréas et qui ciblent une forme particulière de mutation (la mutation KRAS G12C)(essai CJDQ443A12101).

Nous avons aussi un grand nombre d’études d’immunothérapie qui s’adressent à de nombreuses situations cliniques. Nous pouvons par exemple citer les essais en immunothérapie avec des anticorps bispécifiques qui activent directement les lymphocytes T ou les cellules natural killer (NK) et sont très prometteurs. Cela concerne notamment des pathologies hématologiques comme le myélome, mais aussi dans des cas de tumeurs solides du sein, de l’estomac et de la prostate.

Enfin, nous testons actuellement un nouveau médicament d’immunothérapie en association avec une chimiothérapie chez les patients ayant un cancer du pancréas métastatique, des résultats très intéressants ont été rapporté dans une étude, avec un médicament similaire, conduite aux Etats-Unis (étude Optimize-1).