Cannabidiol (CBD) et cancer

CANNABIDIOL ET CANCER CBD

Le Pr Gisèle Chvetzoff, responsable des soins de supports au Centre Léon Bérard, a été interrogée pour répondre à 3 questions concernant l'utilisation du cannabidiol (CBD) pour une personne souffrant d'un cancer.

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Qu’est-ce que le CBD ? Quelle est sa différence avec le THC ?

Le CBD (cannabidiol) et le THC (tétra-hydro-cannabinol) sont les deux principales molécules de la plante cannabis qui agissent sur des récepteurs aux cannabinoïdes présents dans le corps humain. La teneur et la répartition du CBD et du THC dépendent de chaque plante. Certaines présentent les deux molécules de façon bien établies et séparées, comme avec celles utilisées dans l’expérimentation française du cannabis médical à laquelle participe le Centre Léon Bérard. Mais dans d’autres cas de figure, comme avec les achats ou la culture illégale de cannabis, on ne connaît pas la répartition de THC et CBD, qui peut être alors très inégale et éventuellement toxique s’il y a trop de THC. Le THC est en effet responsable des effets euphorisants et psychotropes de la plante, ceux recherchés dans l’usage dit « récréatif ». Sa production et sa commercialisation sont actuellement interdites en France. D’un point de vue médical, il est potentiellement actif sur certains symptômes mais actuellement, seule son utilisation dans le cadre d’une expérimentation nationale est autorisée, dans des indications et un cadre très précis.

Les produits à base de CBD sont en vente libre depuis juin 2021 s’ils comportent moins de 0,2% de THCIl, les effets recherchés sont notamment ceux de détente musculaire.

Quelle est l’utilité du CBD par rapport au cancer ?

Le CBD présente un effet antalgique c’est-à-dire qu’il peut agir sur certaines douleurs neuropathiques mais probablement pas sur les douleurs causées par le cancer. Il peut aussi avoir un effet sur la perception de la douleur ainsi que sur l’appétit, le sommeil et la relaxation... Cette molécule peut donc avoir un intérêt, même s’il reste modeste dans les études internationales. Mais il est très important de souligner qu’elle passe par un métabolisme hépatique assez complexe qui peut être cause de beaucoup d’interactions médicamenteuses auxquelles on ne pense pas forcément. Cela peut présenter un gros problème en cancérologie car le CBD peut augmenter la toxicité des traitements du cancer, que les patients seraient tentés alors de diminuer ou d’arrêter, ou inversement peut diminuer l’efficacité de certains traitements. C’est pour cela que les patients atteints de cancer ne peuvent pas participer à l’expérimentation nationale s’ils reçoivent actuellement des traitements anticancéreux (que ce soit hormonothérapie, chimiothérapie, thérapie ciblée ou immunothérapie), sauf dans le cadre des soins palliatifs. L’utilisation du CBD est actuellement soumise à un effet de mode majeur ainsi qu’un lobbying commercial et médiatique. Venant d’une plante, on peut l’imaginer « naturel » donc sans danger. Mais comme tout produit actif, il peut comporter des effets secondaires encore insuffisamment connus. De plus, les produits à base de CBD n’étant pas considérés comme des médicaments, les firmes qui les produisent ne sont pas soumises à autant de contrôles et d’exigences règlementaires que les laboratoires pharmaceutiques. Il est donc de mise de rester prudent.

INFORMATION IMPORTANTE

Si vous êtes ou avez été pris en charge au Centre Léon Bérard et souhaitez utiliser du CBD, il est indispensable de vous tourner vers votre oncologue, le pharmacien ou vers le département des soins de support qui définiront la faisabilité de votre projet et l’encadreront si besoin (doses, durée, etc).

Comment le CBD peut-il être consommé ?

Le CBD peut être consommé sous forme d’huile et par voie orale. Dans de rares cas, le CBD peut être inhalé, notamment pour agir sur des douleurs aigues, ce mode d’utilisation est notamment testé dans l’expérimentation nationale. Le chanvre fumé ou consommé en tisane n’est pas fiable quant à la quantité de THC qu’il peut potentiellement contenir.