L'activité physique adaptée pour les personnes âgées

apa oncogériatrie

L'activité physique adaptée joue un rôle clef dans la prévention des cancers mais aussi pendant et après les traitements. Notre expert Baptiste Fournier, chercheur en prévention et en oncogériatrie au Centre Léon Bérard nous explique les bienfaits de l'activité physique chez les personnes âgées atteintes ou non d'un cancer.

L'activité physique adaptée pour les personnes âgées L'activité physique adaptée pour les personnes âgées 2022-04-21T11:57:59+02:00 2022-07-12T14:34:55+02:00 /sites/default/files/2022-04/happy-elderly-family-hiking-on-summer-man-and-woman-in-casual-clothes-and-with-ammunition-looking-at-landscape-hobby-active-lifestyle-concept.jpg
  • En France
    • 2/3 des personnes atteintes de cancers ont plus de 65 ans

      Selon l'INCa en 2019

Par exemple, le cancer de l’endomètre touche généralement les femmes après la ménopause, l’âge moyen des patientes au moment du diagnostic étant de 68 ans.

Au Centre Léon Bérard, les personnes de plus de 65 ans forment la catégorie d’âge la plus représentée avec plus de 15 000 patients suivis en 2020.

On estime qu'en 2040, les personnes âgées de 65 ans et plus représenteront 25% de la population générale française et 50% en 2070 (INSEE, 2018).

Le système de soins de santé et de lutte contre le cancer devra donc prendre en charge un nombre croissant de personnes âgées atteintes de cancer. Cette catégorie de personnes peut avoir des besoins complexes de santé, dû aux effets du vieillissement, des comorbidités, du cancer et ses traitements.

Inactivité physique chez les personnes âgées atteintes d’un cancer

Plus de 40% des femmes et près de 30% des hommes de 55 ans et plus n'atteignent pas les recommandations en activité physique en France (Verdot, Salanave, & Deschamps, 2020).

Tout comme la population âgée, plusieurs études ont montré que les personnes atteintes de cancer ne sont pas assez actives selon les recommandations de l'activité physique (Blanchard, Courneya, & Stein, 2008).

Dans l'enquête française VICAN5 de 2016 menée auprès de 4 096 patients atteints de cancer, 53% des personnes ont déclaré avoir cessé toute activité, de façon partielle ou totale, cinq ans après avoir reçu leur diagnostic de cancer, tandis que 34% des personnes ont déclaré qu'elles n'avaient pas changé leur activité physique et 13% ont déclaré avoir fait davantage (INCa, 2018). Le fait d'être plus âgé était associé à une diminution signalée de l'activité physique.

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    20 mar

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Bénéfices de l’activité physique

La pratique d’activité physique régulière est associée à une diminution du risque de plusieurs cancers (WCRF, 2018).

Concernant les cancers de l’endomètre par exemple, l’activité physique exercerait un rôle protecteur, notamment, en diminuant le taux d’œstrogènes et en stimulant l’immunité (augmentation du nombre et/ou de l’activité des macrophages et des lymphocytes) (INCa, 2019).

La pratique d’activité physique est aussi bénéfique durant et après les traitements. Elle participe à la prévention de la cascade du déclin fonctionnel qui s’opère souvent chez les personnes âgées atteintes de cancer, en améliorant l’autonomie, la qualité de vie et l’efficacité des traitements et en permettant une moindre utilisation du système de santé (Kilari, 2016).

Recommandations en activité physique selon l'Institut National du Cancer

Pendant les traitements

  • L’objectif, pendant les traitements, est de prévenir la réduction du niveau d’activité des patients dès le début de leur prise en charge. Il est alors conseillé de :

o Limiter les temps de sédentarité, de rompre les périodes prolongées passées en position allongée ou assise ;

o Permettre dès que possible un retour à un comportement actif dans les suites de chirurgie ;

o Maintenir ou promouvoir un mode de vie actif pendant la radiothérapie et les traitements médicaux.

  • Il est difficile de définir des repères précis à ce stade de la maladie, car tout cela va dépendre de l’évolution de l’état clinique des patients et la survenue des effets indésirables des traitements.

Dans les suites de traitements du cancer

  • L’objectif est l’adoption d’un mode de vie actif, afin de se rapprocher au plus des repères de pratique définis pour la population générale (Organisation Mondiale de la Santé, 2020)

SELON L'ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE

Les personnes âgées devraient, pour retirer les pleins bénéfices de l'activité physique, faire :

  • 150 à 300 minutes d'activité physique aérobique (comme la marche ou le vélo) d'intensité modérée par semaine

ou

  • 75 à 150 minutes d'activité physique aérobique d'intensité soutenue

mais également 

  • des activités de renforcement musculaire au moins 2 fois par semaine 
  • des activités physiques qui mettent l'accent sur l'équilibre au moins 3 fois par semaine

et sans oublier de limiter les temps de sédentarité

Trois idées reçues ... les réponses de notre expert, Baptiste Fournier, chercheur en prévention et en oncogériatrie au Centre Léon Bérard

 

"Je n’ai plus l’âge de faire du sport"

La pratique d’activité physique ne se limite pas qu’au sport. Plusieurs types d’activité physique peuvent être réalisés, que ce soit les activités physiques domestiques (par ex. le jardinage), celles liées au déplacement (par ex. la marche pour aller chercher son pain) ou encore celles liées aux loisirs (par ex. faire de la gym en groupe). Chaque mouvement compte ! L’important est de trouver une ou des activités physiques qui vous plaisent et de pratiquer régulièrement. Être plus âgé n’est pas non plus une contre-indication à une pratique d’activité physique. Quel que soit votre capacité physique actuelle, la pratique d’activités physiques n’est probablement pas interdite pour vous. Parlez-en à votre médecin !

"Je ne fais pas d’activité physique car je vais trop me fatiguer ou je vais me faire mal"

Une activité physique n’est pas censée être douloureuse ou trop fatigante si elle est adaptée à vos capacités. Contrairement à cette idée reçue, il a été démontré qu’une activité physique régulière et adaptée pouvait réduire le niveau de fatigue des patients atteints de cancer et que les risques de se blesser étaient minimes. Il est donc important d’adapter sa pratique d’activité physique, en termes de durée, de fréquence et d’intensité. Pour cela, votre médecin peut vous conseiller et même vous prescrire une activité physique adaptée à vos capacités et à vos préférences. Si vous êtes actuellement suivi au Centre Léon Bérard, une équipe de professionnel est à votre service pour vous accompagner dans ces démarches !

"J’ai été très sportif auparavant, je n’ai plus besoin d’en faire"

Malheureusement, avoir pratiqué de l’activité physique jeune ne vous dispense pas d’en faire plus âgé. Les bienfaits du sport sont temporaires et il est important de pratiquer une activité physique régulière, adapté à sa condition, pour en avoir les pleins bénéfices.

Exemple d’étude avec OCAPI

Depuis 2 ans, des patients de plus de 65 ans atteints d’une hémopathie maligne prennent part à l’étude OCAPI qui vise à évaluer la faisabilité d’un programme individualisé d’activité physique durant les traitements de chimiothérapie. Cette étude unique en France va permettre de vérifier le niveau de participation des patients plus âgés et les bénéfices sur leur santé d’un programme d’activité physique, réalisé à l’hôpital et/ou à domicile.